La peur des réseaux sociaux : comprendre et agir

Une lucidité nécessaire

On dit souvent que les réseaux sociaux rapprochent. Mais plus le temps passe, plus ils me donnent cette impression étrange qu’ils nous éloignent de nous-mêmes, du réel, des autres.

Je ne parle pas d’une peur irrationnelle, mais d’une méfiance lucide. Les études s’accumulent. Elles racontent toutes la même chose. Derrière la connexion, il y a souvent l’épuisement. Il y a aussi l’angoisse et la perte de contrôle.

Qu’en pensent les chercheurs ?

Des chercheurs ont montré que plus on passe de temps sur les réseaux, plus le risque d’anxiété et de dépression augmente (PubMed, 2022). D’autres ont observé la montée du fameux FOMO, cette peur de manquer quelque chose, qui pousse à vérifier sans cesse son téléphone (PubMed, 2024).
À cela s’ajoute une inquiétude plus discrète, mais tout aussi réelle : celle de la vie privée. Ces plateformes récoltent, tracent, profilent, souvent sans que nous en ayons conscience. La IEEE évoque d’ailleurs des risques croissants d’usurpation d’identité et d’ingénierie sociale liés à cette exposition constante (IEEE, 2023).
Et puis, il y a cette peur invisible, celle qui se glisse dans les flux d’information. Les algorithmes, censés nous divertir, amplifient aussi la peur, la colère, la comparaison. Une étude publiée sur arXiv montre comment les discours anxiogènes circulent plus vite que les autres sur les plateformes (arXiv, 2023). On finit par consommer la peur sans s’en rendre compte et elle finit par nous consommer.

Identifier le problème

Ce n’est donc pas seulement un problème de temps d’écran. C’est une question de rythme, de regard, de liberté intérieure. Quand on passe ses soirées à scroller, à guetter un « like » ou une validation, c’est notre estime de nous-mêmes qu’on met en jeu. Une étude récente a d’ailleurs montré que l’usage intensif des réseaux est associé à un plus grand sentiment d’isolement (BMC Psychology, 2023).
Alors oui, cette peur est justifiée. Mais elle peut aussi être saine, une forme d’instinct de préservation. Elle nous rappelle qu’il est temps de reprendre la main : de décider quand on se connecte, ce qu’on partage, à quoi on s’expose.
Il ne s’agit pas de fuir, ni de condamner, mais de réapprendre à choisir. À remettre un peu d’hors-ligne dans nos vies, à se reconnecter à ce qui compte vraiment.
Parce qu’au fond, ce n’est pas le réseau qu’il faut craindre.
C’est d’y perdre la part de nous qui n’a pas besoin d’être vue pour exister.

Jérémie COUSSEAU

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Édito
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